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Rêves de couleurs - posted by guest on 1st December 2020 02:16:15 PM

Au début, dans ce grand squat industriel avec un ciel rouge crépusculaire permanent. Nous sommes trois et vivons en évitant constemment la police. Un jour, la mer est grosse de vagues immenses, et nous sommes retrouvés par accident et devons fuir - mais seuls deux sont avertis à temps. Nous courons, courons jusqu'à l'extrémité de notre monde rouge, jusqu'à une région devenue froide, où les bruits de nos poursuivants et ceux de nos compatriotes se sont tus. Nous devenons alors silencieux, et traversons en retenant notre souffle une centrale nucléaire glacée, jaunâtre et dévastée.


Nous arrivons dans un monde bleu et silencieux dont nous n'avions jamais suspecté l'existence. Ici, il ne semble pas y avoir d'autorité, et nous marchons sans but à travers les allées monolithiques de grès noir. Nous rencontrons un homme épuisé, délirant, prostré avec une arme serrée entre ses doigts amaigris. "Le plus vous en tuerez, la plus grande sera votre récompense ! Prenez, prenez, et vous verrez !"


Après nous avoir donné nerveusement son fardeau, il court au loin et une chose l'écrase. Ou peut être le prend ? Il disparaît, en tous cas. Alors nous commençons à les voir, des silhouettes fines portant une tête trop grande, anguleuse, errant sans but à travers le labyrinthe. Celle de nous deux qui est une femme commence, après réticence, à tirer dans leurs têtes. Les silhouettes s'évanouissent dans un soupir, et avec chacune abattue, une joie minérale grandit en nous. Jusqu'à la réalisation, lorsque nous voyons l'homme fatigué dans la tête d'une des silhouettes, que nous ne faisons qu'achever les désirs suicidaires de nos prédécesseurs.


Elle repose l'arme, sans la donner à quiconque, et nous montons la pente douce vers une porte qui n'était dans aucune direction. Nous passons dans un monde violet, à l'aube d'une plage infinie au bord d'une mer plate. Des pylônes se dressent contre le ciel muet, et dans le sable des cercles de cercles verts. Chacun nous murmure qu'il veut une chose différente de nous. L'un nous dit qu'il faut nous aimer pour passer en lui, alors c'est ce que nous faisons. Allongés dans le sable, nous glissons alors dans un monde vert, et notre seul enfant existe.


Ce monde vert est rempli d'abondance, et tous les autres semblent y vivre dans un bonheur plein de jugement. Il y a une autorité, et celui qui est un homme finit par y être engréné. Ils essaient de le former à être comme eux, à devenir seulement un et à imposer la volonté de la machine aux autres. Mais il se joue d'eux, et lors d'un exercice, alors que son instructeur se dédouble dans ce monde vert pour tenter de l'intimider, il comprend comment en faire de même. Un jour qu'ils essaient de briser sa volonté, il se multiplie. Deux, puis quatre, huit, seize... Rapidement, on ne voit plus que des copies, reproduisant exactement ses mouvements, au grand désarroi de ceux de l'autorité. Quand il demande un verre d'eau avec un sourire, la résonnance détruit la machine qui les gardait prisonniers.


Nous voilà réunis, deux avec maintenant un enfant, et tous ceux que nous avons libéré de la machine verte. Derrière nous est la mer sans courants, et devant nous des choses que nous connaissons, mais où il n'y a ni bonheur ni compréhension. Nous restons là, ne sachant où aller.


Une nuit, celui qui est homme rêve. Il voit à l'intérieur de lui, dans une pièce aux angles rouges et noirs, un objet arqué d'obsidienne luisante de violet. Lorsqu'il le touche, sa main devient douloureusement confondue à lui, et il la retire avec force, essayant de la retirer, sans succès. Dans ses efforts, il touche avec son autre main le second objet, d'un rouge strié de noir, et la même chose arrive. Dans un cri de désespoir, il retourne au réveil, et des stries légères sont toujours sur ses mains.


Le temps passe, ils restent sous les grands pylônes du ciel pourpre. Mais même en plein éveil, des visions s'emparent de nous, tirent celui qui est homme de la réalité, et celle qui est femme essaie de le ramener. Dans ces visions, il entend des voix discordantes parler les unes sur les autres, et sur ses mains grandissent des choses ressemblant à ce qu'il a touché. Il tente de les couper dans les visions, mais ne réussit qu'à se blesser dans la réalité.


Un jour, dans une de ces visions, il réussit à faire taire toutes les voix sauf une. Elle est surprise, pensant qu'elle était la seule à parler depuis le début. Elle lui explique qu'il ressent douleur et confusion parce qu'il a choisi deux maîtres : le pourpre et le rouge. Cette voix est le rouge, celui du ciel de son premier monde, et il doit choisir l'un des deux si il veut retourner au réel. Il choisit le rouge, et brise avec la lame d'un couteau le verre cassant de l'excroissance violette sur sa main gauche. Il se réveille, rempli de sens, et sa main droite est devenue comme une croix arquée, à l'image de celle qu'il avait touché dans son premier rêve. Il ne dit rien, mais nous comprenons, deux, et enfant, et réunissons tous ceux qui nous suivent pour retourner au premier monde.


Le reste est un voyage où nous affrontons les maîtres de chaque monde, que nous connaissons et maintenant comprenons. Nous passons devant les restes du maître possessif du vert, vaincu avant même que nous n'ayons compris son existence, puis le maître curieux, avare du pourpre. Ensuite vient le maître autodestructeur et déprimé du bleu. Lorsque nous traversons la dernière frontière, la région nucléaire, cette fois nous avons été trop forts de notre nouvelle assurance, et avons oublié d'être silencieux. Nous sommes poursuivis par les chiens jaunes d'un maître inconnu, jusqu'à ce que nous arrivions tous, de retour dans notre ville de toits en ruines aux grandes vagues et aux nuages rouges. Maintenant la police ne nous concerne plus et nous ignore, car nous avons compris qu'elle était là seulement pour nous pousser dans ce voyage. Nous rendons son pouvoir au maître du rouge, celui de la naissance et de la mort. Et maintenant, nous vivons de toit en toit, entourés et heureux.

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